Mt 5, 17-37

Le scribe qui était Matthew s'est trouvé pris dans un conflit, comme la plupart de la communauté: comment concilier la nouveauté de Jésus avec fidélité à la loi de Moïse?

C'est ce dilemme qui produit, dans l'Evangile, des affirmations qui semblent contradictoires (bien que les exégètes essaient de les harmoniser): ainsi, il a été dit pas un pont sur le "i" ne passera de la loi, que tout ne soit arrivé mais, en même temps , on parle d'une "justice" plus grande que celle des scribes et des pharisien; on affirme que Jésus ne vient pas abolir la loi, mais ensuite on formules les fameuses "antithèses" ("il a été dit...mais je vous dis..."), qui supposent une véritable rupture avec la loi précédente.

D'une certaine manière, il semble que les premières communautés judéo-chrétiennes -comme celle de Mathieu– se sont vues obligées de maintenir un équilibre pas toujours facile entre ceux qui soulignaient la nouveauté et ceux qui, par contre, cherchaient à sauver à tout prix l'orthodoxie traditionnelle.

Avec cette clé de lecture, il devient plus facile de rendre compte des contradictions du texte. En outre, les difficultés rencontrées dans la vie quotidienne de la communauté expliqueraient aussi ces références détaillées sur les procès.

En ce qui concerne les antithèses connues, le plus frappant, san aucun doute, c'est leur radicalité. Une radicalité qui vise le coeur: il ne s'agit pas seulement de "ne pas tuer", "ne pas commettre d'adultère » ou «ne pas parjurer".

Faisant appel à un style hyperbolique, tellement du goût oriental, Jésus vise directement à la nécessité de vivre en connexion constante avec le meilleur de nous-mêmes, c'est à dire, ancrés dans cette identité profonde que nous partageons avec tout et tous.

Ce n'est qu'à partir de ce "lieu" -avec effort, mais sans aucune sorte de volontarisme– qu'il est possible de "voir" de telle manière que ce qui surgit en nous porte l'empreinte de l'amour, jusque dans le plu petit.

Cette manière de "voir" et de vivre est par dessus le culte. C'est pourquoi, le texte insiste sur la priorité de la réconciliation par dessus l'offrande sur l'autel.

Quand on regarde certains portails Internet qui se disent chrétiens et on lit les insultes grossiers avec lesquels on disqualifie celui qui exprime une opinion différente, ça fait mal de constater à quel point nous sommes encore loin des paroles du Maître, combien nous sommes encore loin de "voir".

Enrique Martìnez Lozano

Traducteur: María Ortega

www.enriquemartinezlozano.com