LE TRÉSOR DU SILENCE
Enrique Martínez LozanoMc 1, 29-39
En Jésus, nous trouvons un homme qui articule admirablement l'activité et le reccueillement, la rencontre et de la solitude, la parole et le silence.
Les textes nous disent qu'il se retirait souvent "bien avant l'aube, dans un lieu désert, pour prier." Nous aimerions savoir comment il a vécu ces moments de silence et de prière. Cependant, il ne semble pas difficile d'imaginer que pour quelqu'un qui se sait un avec le Père ("Le Père et moi sommes un" Jn 10,30), le silence ne serait qu'une expérience de s'abîmer dans cette Unité qui transcende tout et, en même temps, embrasse tout.
Au-delà des mots et des concepts, la prière pourrait être un demeurer dans le Vide qui est Plénitude, ce Fond sans fond où tout surgit en permanence, sans aucune séparation, et que Jésus lui-même appelait "Abba" (Père).
C'est la prière où se produit le paradoxe le plus admirable, plus vous "disparaissez" plus vous vous rencontrez vous-même: la forme (l'ego) tombe, l'identité brille (la pure Conscience). Pour cette raison, les mystiques – même Jésus - ont su que la véritable connaissance de soi conduit à l'oubli de soi.
Etty Hillesum, cette extraordinaire jeune femme qui a été exécuté, à vingt neuf ans dans le camp de concentration d'Auschwitz, l'exprimait de cette manière: "Reposer à intérieur de soi-même. Et c'est ainsi, sûrement, comme mon état d'esprit s'exprime le mieux: repos à l'intérieur de moi-même. Et cet être moi-même, le plus profond et riche de moi, mon Repos, je l'appelle Dieu".
En tout cas, la sagesse naît du silence. Le silence est le chemin de la lucidité et de la sagesse, la seule manière de parvenir à la vérité qui est inaccessible à la pensée rationnelle qui ne peut pas sortir de la réalité apparente. "Pour aller là où vous ne savez pas - prévenait ce maître du silence qui était Jean de la Croix, vous devez venir par où vous ne savez pas".
Notre esprit (mental) nous maintient dans le monde de l'objectivable (ce qui est connu) et nous empêche de surtir de la croyance erronée de la séparation. Seul le silence de notre esprit (du je) nous permet de contourner ce piège et de nous ouvrir à la vérité profonde de ce qui est.
Malgré les peurs du début – conséquence d'avoir vécu éloingés de nous-mêmes -, il est probable que, pas trop tard – nous soyons amoureux du silence: parce qu'il a la capacité de restaurer et de calmer. Mais surtout, parce que le Silence est notre maison, notre identité ultime.
Enrique Martínez Lozano
Traducción: María Ortega