ESPRIT DE VÉRITÉ, ESPRIT D'UNITÉ
Enrique Martínez LozanoJn 14, 15-21
Pour le quatrième Évangile, l'Esprit est «un autre Paraclet» parce que ces communautés de la fin du premier siècle yvoient clair que le «premier Paraclet» est Jésus lui-même.
Le mot grec «Parakletos», qui est généralement traduit par «Défenseur» (avocat) signifie littéralement «celui qui est à côté», pour défendre, appuyer, conforter , soutenir ... Pour cette raison , quelqu'un a suggéré que la traduction la plus en accord serait, aussi bien celle de «avocat de la défense», que «travailleur social» .
Dans la même évolution des communautés, il s'est produit peu à peu ce que les experts appellent un «ualisme ecclésiologique»: c'est à dire, de plus en plus on a fait resortir dabentage de distance entre la communauté et les «ceux du dehors» (le «monde»). Le redacteur de cette époque déjà tardive ne manque l'occasion pour insister sur ce que le don de Jésus est destiné uniquement à la communauté des disciples: «Vous le connaissez [la communauté johannique elle-même]», mais «le monde ne le connaît pas...»; «vous me verrez, mais le monde ne me verra pas»...
Il s'agit d'une distance, caractéristique de tout groupe sectaire (non pas dans le sens péjoratif, mais étymologique), qui est souvent vue aggravée –comme c'est le cas- lorsque la communauté se sent persécutée.
Au-delà des anecdotes historiques, le Paraclet est ici appelé «Esprit de vérité». Et la vérité –semble-t-il ajouter plus en avant– c'est que «je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous.»
La vérité –ça ne pouvait pas en être autrement– a un goût d'unité. Il nous manquent des mots pour l'exprimer correctement, mais l'unité n'est pas somme ou juxtaposition. L'unité n'est pas non plus quelque chose que nous puissions produire, ni même pas grâce à l'amour. Il n'est pas, finalement, le «résultat» de quoi que ce soit .
C'est plutôt bien au contraire: ce qui est premier est l'unité. Tout est Un. Le reste -amour, proximité, équipe...- est simplement une conséquence de ce qui est déjà.
L'unité peut être perçue comme un profond sentiment d'appartenance ou de lien, à un niveau infiniment plus profond que le niveau psychologique.
Il s'agit d'un lien de l'ordre de l'être: ce n'est pas que nous devenions un, même pas que nous nous sentions ainsi. C'est que nous le sommes .
L'Esprit de la vérité peut recevoir un autre nom comme l'Esprit de l'unité. Mais pas comme une entité séparée, tel que notre mental penserait. S'il s'appelle Esprit d'unité, c'est parce qu'il s'agit de ce Mystère unique dont nous participons tous, que nous partageons tous, où nous sommes tous un.
Le résultat de cette compréhension et l'expérience ne peut pas être autre chose que l'amour. Non Pas un amour compris comme mouvement sensible ou émotionnel, mais celui qui est perçu comme une conscience claire de non-séparation de rien. Amour, donc , qui se traduit par l'empathie et la compassion.
Mais une telle compréhension est nécessairement liée à une perception adéquate de sa propre identité. Parce que, tant que je continue à penser que le moi constitue mon identité, je serai en train de me fermer à l'amour, parce que je ne pourrai pas percevoir l'unité que nous sommes. À partir du moi (ego) je vais mettre en place un comportement egocentré.
Ce n'est que lorsque je comprendrai que je ne suis pas le moi, que ma perspective pourra changer radicalement. Dès ce moment, je ne «mesurerait» plus les choses à partir de l'intérêt de l'ego, mais dès l'identité large et une que nous partageons. Et je découvrirai que, souvent, ce qui semble «mauvais» pour mon ego sera peut être le plus judicieux. Et inversement, ce que mon ego poursuit avec tant de force n'est peut-être ce qui vraiment me (nous) construit en ce que je suis (nous sommes).
Et ici les paroles sages de Jésus lui-même rétentissent en nous, qui ont surgi sans aucun doute de cette même compréhension: «Qui veut sauver sa vie [psyché , ego] la perdra, mais qui perdra sa vie la sauvera. Et, quel avantage a-t-il [l'ego] à gagner le monde entier s'il perd son âme? Que pourrait-on donner pour changer sa vie» (Mc 8,35 à 36).
Ce ne sont pas des mots menaçants, ni –tout d'abord– d'esigeance ou de mortification. Ce sont des paroles de sagesse, qui nous appellent à «réveiller», à sortir des erreurs où nous restons enfermés, comme conséquence d'avoir absolutisé la vision étroite de notre esprit, et à découvrir la vérité lumineuse de que nous sommes Unité.
Enrique Martìnez Lozano
Traducteur: María Ortega